Warning: mysql_num_rows(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/153/sda/7/9/oeil.electrique/magazine/php/en-tetes.php on line 170
L'Oeil électrique #2 | Métier / Costumière

> C’EST BEAU LA VIE
+ La justice des hommes

> SOCIÉTÉ
+ La Bourse, c’est ma passion
+ Repères: une paix en Israël?
+ Boys Band: la faute à Toubon
+ Marketing à l’hôpital
+ Le président de la République fait-il partie de notre monde physique?

> BANDE DESSINÉE
+ Pierre la Police
+ Tufo

> LITTÉRATURE
+ La leçon érotique

> VOYAGE
+ Berlin

> MUSIQUE
+ Dominique A

> MÉTIER
+ Costumière

> NOUVELLE
+ Et Dieu dans tout ça?
+ La ballade de Simon Nullepart

> 4 LIVRES : CARDINALES
+ Milena Jesenskà : Vivre
+ Carson Mac Cullers : Le coeur est un chasseur solitaire
+ Sigrid Undset : Vigdis la farouche
+ Clarice Lispector : La découverte du monde

> BOUQUINERIE
+ Matt Alexander : O.G.V.O.T. Le principe de la peur
+ Jacques Mondoloni : Les goulags mous - La brigade des télépathes

> NOUVEAUX SONS
+ June of 44 : Four Great Points
+ Brigette Mc Williams : Too Much Woman
+ The High Llamas : Cold and Bouncy
+ Propellerheads : Decksanddrumsandrockandroll
+ Junkie XL : Saturday Teenage Kick
+ The Crystal Method : Vegas

> JAMAIS TROP TARD
+ Brainiac
+ Robert Mitchum
+ The Cramps
+ Yellowman

MÉTIER / COSTUMIèRE .

On dit comment, costumière, habilleuse… ?
Ça dépend, c'est deux métiers différents. Ça peut se recouper, c'est parfois les mêmes personnes qui le font. Et on peut aussi être conceptrice de costumes. Mais tout dépend du projet. Dans les grosses productions, différentes personnes font ces métiers, mais sur un petit spectacle on tend plutôt à tout faire. Pour résumer, la costumière fabrique les costumes et l'habilleuse fait l'entretien des costumes, habille les comédiens avant le spectacle, et les change en cours de spectacle s'il y en a besoin. Souvent, pour la conception, c'est la personne qui conçoit les décors qui s'occupe aussi des costumes. Mais ça peut aussi être le metteur en scène. Ça dépend vraiment des gens et du type de spectacle.

Il n'y a que des femmes qui font ce métier ?
Non pas du tout, il peut y avoir des hommes aussi. C'est certain qu'il y en a moins, mais il y a des hommes qui font de la couture ou de l'habillage.

Comment es-tu arrivée dans ce métier, tu as suivi une formation ?
En fait il y a plein de filières. Le spectacle c'est toujours un peu bâtard. Ceci dit, il y a des formations solides. Par exemple, il y a une grande école (qui était autrefois à Paris mais qui a maintenant déménagé à Lyon) qui forme aux métiers du spectacle. En général, les gens qui en sortent se retrouvent dans des postes importants dans des grands ateliers à Paris. Le niveau y est excellent. Mais après, il y a aussi diverses formations, soit privées soit publiques, et en général, après on apprend beaucoup sur le tas. Il y a aussi plein de gens qui sortent de filières plus générales, qui ont fait un CAP ou un BTS couture, qui rentrent dans le milieu par cette voie, et encore une fois qui apprennent pas mal sur le tas. Ensuite, en tant qu'intermittent du spectacle, tu as droit à une formation tous les deux ans qui te permet de te perfectionner sur certains points particuliers.

Quelles sont les qualités requises pour ce métier ?
En habillage, une bonne mémoire visuelle pour tout de suite savoir quel est le costume du comédien et ne rien oublier. Il faut aussi être hyper organisé et assez énergique. Ne pas avoir peur de courir partout, ou de faire des heures. Il faut aussi savoir dormir peu tout en restant de bonne humeur. Et bien sûr, en costume, il faut être assez habile et débrouillard : tu travailles des matières comme du cuir, du métal, ou tu crées des matières… Un autre élément important, c'est le relationnel…

Quels sont les éléments que tu apprécies le plus dans ton travail ?
C'est très varié, on travaille à chaque fois avec des personnes différentes. Et le boulot n'est jamais le même non plus. Donc il n'y a jamais de routine qui s'installe.

Qu'est-ce qui fait que tu vas plus travailler pour le théâtre, la danse ou l'audiovisuel ?
En général, c'est souvent lié à des rencontres, mais ça tient aussi à des choix personnels, si on préfère la danse par exemple. Mais on peut très bien faire du théâtre et de la danse, c'est pas du tout incompatible. C'est peut-être plus difficile de passer du théâtre à l'audiovisuel, parce que c'est des mondes complètement différents. Mais, je crois pas que c'est parce que tu fais tu théâtre que tu vas te retrouver catalogué et que tu ne pourras jamais rien faire d'autre.

Donc, il n'y a pas véritablement de différence ?
Pour l'audiovisuel, je ne peux pas dire, mais pour ce qui est de la danse et du théâtre, c'est très proche. Il y a quelques contraintes supplémentaires pour la danse : les costumes doivent être confortables, ils doivent laisser une grande liberté de mouvement, tout en le soulignant. Mais en même temps ils doivent être très solides. Ceci dit, ça reste le même métier ; on ne peut pas dire que ce soit vraiment différent.

Il y a des choses que tu n'aimes pas dans ce métier ?
Pas vraiment… La seule chose qui est un peu difficile, c'est que tu sais jamais ce que tu vas faire d'une année sur l'autre. La gestion du temps est parfois un peu délicate. Mais généralement, au bout de quelques années, quand tu commences à être un peu connu dans le milieu, tu es à peu près toujours certain d'avoir du boulot. Pour le travail lui-même, j'aime pas trop travailler dans de grands ateliers, parce que c'est très hiérarchisé. Je trouve qu'on y manque un peu de liberté, c'est assez routinier. C'est pour ça que je préfère les petites troupes où tu dois plus ou moins tout faire. Il faut faire appel à son imagination, se débrouiller avec peu de moyens, parce qu'il n'y a pas toujours de gros budgets. Mais en même temps tu n'es pas confiné dans un rôle.

Est-ce qu'on se spécialise d'une manière ou d'une autre ?
Souvent, les gens ont une spécialité. Sur le dernier spectacle qu'on vient de faire, il y avait quelqu'un qui travaillait plutôt le costume d'époque, qui savait très bien couper et monter les vêtements. Il y en avait une autre qui s'occupait de toute la bidouille : le cuir, le latex, les rivets… Par contre, il y a aussi des gens, comme moi, qui n'ont pas vraiment de spécialité. Pour ma part, comme je l'expliquais, c'est lié au fait que j'ai surtout travaillé sur des spectacles où il fallait tout faire, avec des petites compagnies. Mais dans les grosses productions, chacun a une fonction bien précise. Il y a ceux qui coupent les costumes, ceux qui les montent, et les décorateurs qui font toutes les patines.

C'est quoi les patines ?
C'est tout ce qui est ajouté après, une fois que le costume est terminé, pour le vieillir. Pour reprendre l'exemple du spectacle que je viens de terminer, c'était un truc sur la guerre, et il fallait donner l'impression que le costume était abîmé, qu'il y avait de la boue sur les manteaux, sur les chaussures… C'est tout ce que tu fais pour donner du vécu au costume, pour lui donner l'histoire qu'il doit avoir dans la pièce. Alors on peut utiliser de la peinture, du latex, ou de la vraie terre (mais c'est beaucoup d'entretien, il faut les refaire souvent).

Et ça fait quelle impression de voir un spectacle 30 fois parce que tu travailles dessus ?
En fait, ça fait drôle quand c'est fini. Mais au bout d'un moment, t'es plus du tout objectif sur le spectacle. Tu n'as plus du tout de recul. En plus, généralement, pour les costumes c'est spécial, parce qu'on participe à toute la phase de préparation, avec les répétitions, les essayages, etc. Et ensuite si tu pars en tournée, le spectacle, tu l'as vu et revu et revu. Mais c'est intéressant parce que tu remarques toutes les subtilités, tu vois si un comédien est en forme ou pas ce soir-là, s'il rentre bien dans le personnage.

Dans une pièce/un film contemporain, où les personnages portent des vêtements actuels, y a-t-il aussi un travail de costume ?
En général, les comédiens ne portent jamais leurs propres vêtements sur scène. Pour travailler sur du contemporain, suivant le budget dont tu disposes, tu vas acheter des trucs en fripe ou dans des boutiques. Ou bien tu peux les fabriquer. Il faut de toute façon que ça corresponde aux personnages, à ce que le metteur en scène veut de la pièce.

Et tu vois les vêtements de la vie courante différemment à cause de ton métier ?
Là-dessus, je crois qu'on est à peu près tous pareils. On trouve tous que c'est hors de prix ce qui se vend dans le commerce. On sait le temps qu'il faut pour faire une robe par exemple, et on sait comment c'est fait. Et quand tu vois en magasin que c'est mal fini, que c'est des tissus tout ce qu'il y a de plus banal… C'est toujours pénible d'acheter ce genre de choses.