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L'Oeil électrique #23 | Cinéma / Agnès Varda

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Par Eric Magnen, Sabine Hogrel.
Photos : Patrice Normand.

Agnès Varda nous a donné rendez-vous dans les locaux de sa société de production, Ciné-Tamaris. Nous sommes à deux pas de l'hydre Montparnasse, rue Daguerre, une rue dont Varda avait filmé les commerçants dans son film Dagguerréotypes, en 1974. Depuis, la rue a bien changé, nombre de ses commerçants ont sans doute disparu, leurs enseignes remplacées par d'autres ; des ravalements de façade ont modifié de manière irrémédiable la topographie des lieux. Mais il subsiste malgré tout quelque chose de ce qu'on pouvait voir dans Daguerréotypes, une atmosphère, celle d'un quartier qui n'aurait pas rompu tous les liens avec son passé, loin des ravages de la réurbanisation sauvage. On comprend donc que Varda s'y sente à l'aise, elle dont le cinéma est hanté par l'idée du temps, du temps qui passe, et du temps qui se vit.
Nous entrons dans une petite cour intérieure, au bout d'une allée. Un banc, une table de jardin et quelques chaises, une vieille fenêtre bleue condamnée sur le mur, un vieil arbre ("il n'est plus aussi beau qu'il a été, vous auriez dû le voir il y a dix ans"). Varda y nourrit quelques oiseaux qui trouvent ici un havre de tranquillité. A l'intérieur de la maison, c'est un amusant petit capharnaüm, territoire que s'est approprié le chat, maître des lieux...
Depuis 1954, une bonne trentaine de films, et surtout un parcours atypique et profondément personnel font de Varda l'une des cinéastes les plus singulièrement originales du cinéma français d'après-guerre (et aussi, la première femme à avoir véritablement fait carrière en tant que réalisatrice en France). Si ses premiers films furent contemporains de la Nouvelle Vague, le succès récent des Glaneurs et la glaneuse rappelle, s'il était besoin, qu'elle ne fait pas encore partie de l'histoire du cinéma mais bien de son actualité ! Les Glaneurs… est un film d'une fraîcheur étonnante, un documentaire comme Varda sait si bien en faire, c'est-à-dire totalement marqué par la subjectivité sautillante de son auteur. Malgré une telle carrière, Varda continue d'appartenir à un cinéma relativement marginal, loin des sommets du box-office. Elle n'en tire cependant aucune aigreur. Bien au contraire, elle semble très bien s'en accommoder, et cela ne freine nullement sa bonne humeur.

Vous n'aviez pas du tout anticipé le succès des Glaneurs et la glaneuse ?
Pas du tout car le film a été produit difficilement et dans la plus grande modestie… Personne n'en voulait au tout début.! Il a donc été fait dans une grande économie de moyens. Je pensais : "Ça va être un petit documentaire, on va avoir 10 000 spectateurs, on aura deux-trois compliments dans un festival, genre Cinéma du réel ou Documentaire aujourd'hui…" En fait, après avoir été sélectionné au festival de Cannes, il a été invité dans plus de 100 festivals. C'est incroyable aussi qu'il soit sorti en salles dans beaucoup de pays. C'est bon de penser qu'un film modeste, sur un sujet actuel, le gâchis, ceux qui en vivent, ceux qui n'ont pas d'autre choix que d'en vivre, je dirais même plus crûment ceux qui vivent de nos restes, ait un tel succès. Enfin… un succès relatif. Il y a dans le film une espèce de légèreté, de bonne humeur même - je parle des choses qui me font rire en même temps que de la véritable difficulté de ceux qui n'ont rien… C'est un film libre, et je crois que les gens apprécient à la fois la liberté de la cinéaste et sont impressionnés par la réalité sociale qui est décrite...