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L'Oeil électrique #27 | Portraits / Kawai Kenji, musicien animé

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Par Abdessamed Sahali, Eric Magnen.
Photos : Cédric Martigny.

Avec son air hirsute, sa tignasse rousse, son image de simili rock-star, Kawai Kenji semblerait à première vue, pour qui le croiserait dans la rue, œuvrer dans un combo nippon de papy-punks déjantés. Ses états de service le créditent pourtant seulement d'une participation à un groupe de fusion lorsqu'il était étudiant à l'académie de musique de Shobi. En réalité, Kawai Kenji est un musicien de l'ombre, compositeur pour des formes aussi dédaignées que la publicité, le jeu vidéo ou le dessin animé (films et séries télé). Le hasard a néanmoins voulu qu'il croise la route de certains des meilleurs créateurs japonais dans le domaine de l'anime, devenant ainsi, lui-même, un artiste respecté dans le milieu, au point d'en être leur égal puisque invité à leurs côtés au deuxième festival "Nouvelles images du Japon" à Paris où nous l'avons rencontré. Ses collaborations avec le réalisateur Oshii Mamoru (Patlabor 1 et 2, Ghost in The Shell, Avalon) en sont d'ailleurs le parfait témoignage. Mélange de nappes synthétiques et d'éléments de musiques traditionnelles, la musique de Ghost in the Shell ou d'Avalon traduit un goût certain pour les ambiances modernistes aux accents new age et world. Pour un anime de robots tel que Patlabor, Kawai compose une musique d'ambiance planante là où on se serait attendu à une musique plus nerveuse. "Oshii me demande toujours des travaux assez difficiles, explique-t-il. C'est donc toujours un défi de créer une musique qui convienne à ses attentes. Mais après toutes ces années, il y a moins de parole aujourd'hui : je comprends de plus en plus facilement ce qu'il souhaite et j'essaie de créer à chaque fois quelque chose de nouveau, d'éviter de sombrer dans la routine. Quand on travaille ensemble, on ne sait jamais ce que ça va donner au final. Pour Ghost in the Shell, Oshii m'avait demandé d'utiliser un tambour ethnique indien. Il souhaitait une musique basée sur les percussions. J'ai ensuite associé des chœurs à ce tambour. Ce genre de musique n'existait pas vraiment au Japon ; je n'avais donc pas tellement de repères. J'ai dû faire beaucoup de recherches. Sur Avalon, (1) Oshii voulait une musique pour soprano qui soit marquée d'une profonde tristesse et que ce morceau ait une couleur européenne. J'ai essayé de composer une musique qui correspondait à l'image que je me faisais de la musique européenne." Ayant gagné ses lettres de noblesse dans le dessin animé, Kawai s'oriente parallèlement de plus en plus vers le cinéma en prise de vues réelles, réalisant notamment les musiques pour les films d'épouvante du cinéaste Nakata Hideo (Ring 1 et 2, Dark Water). Là encore, le travail du compositeur joue pour beaucoup dans l'atmosphère d'angoisse glacée qui émane de ces films. Le cercle de ses fans s'élargit encore : il compose la musique de quelques nanards français (Samouraïs, Bloody Mallory) ; Christophe Gans, grand connaisseur du cinéma asiatique, le contacte pour écrire la partition de son Pacte des loups (mais l'emploi du temps de Kawai ne lui permettra pas de répondre à la commande) ; et Jean-Pierre Dionnet, qui planche actuellement sur l'adaptation cinématographique d'Albator, l'a shortlisté pour composer la musique du film, aux côtés de Daft Punk et de son compatriote Hisaishi Joe. Un tel intérêt des cinéastes français pour ce compositeur japonais n'est après tout qu'un juste retour des choses : "Ce que j'écoute le plus, ce sont les musiques de films des années 60 et 70. Celles de Francis Lai ou de Georges Delerue notamment." Conscient de son statut d'artisan pop, Kawai Kenji n'aspire, en somme, qu'à contribuer à la valorisation d'objets issus de la sous-culture. Un rien de modestie qui en fait un artiste au-delà des modes. Comme en témoigne sa coupe de cheveux !

(1) Film de science-fiction se déroulant en Pologne