Par Gilles Labarthe, Pascal Grimaud. Quatre séjours à Madagascar. Des mois à suivre des marginaux, à rencontrer des sans-abri, à parcourir les taudis, à visiter des prisons, des asiles psychiatriques, des boîtes à putes et des hôpitaux frelatés. Le Madagascar des laissés pour compte, le photographe marseillais Pascal Grimaud l'a découvert bien avant le début de la crise présidentielle malgache. Ses premières images remontent à 1998. Son idée était d'évoquer cette île comme un "bateau ivre", à la dérive… Madagascar, un des pays du Sud les plus riches, embarqué dans un régime politique nourri à coups de trique et de corruption, pillé par le trafic et le népotisme. Et Antananarivo, une capitale des enfants abandonnés, des quatr'mi, (1) des vendeurs à la sauvette, avec ses rues sombres pour ultime refuge. (1) Quatr'mi : expression désignant les SDF. Ce terme vient de quatre verbes malgaches commençant par mi (d'où quatr'mi) : mitrongy, fouiner comme un cochon ; miloka, jouer l'argent ; misotro, boire ; mijanga, se prostituer.
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