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L'Oeil électrique #27 | Littérature / Serge Rezvani,­ artiste pluridisciplinaire ­

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Par Marie Martin, Valérie Martin.
Photos : Marie Martin.

C'est par un petit chemin de terre, presque invisible de la route, que l'on accède à la Béate, maison cachée au cœur du massif des Maures. Il y a quarante ans, Serge Rezvani, fuyant Paris avec sa femme, y a trouvé refuge. Ici, le peintre a laissé place à l'écrivain et des dizaines de romans ont vu le jour, la plupart sur la vie à deux, avec Lula-Danièle, la muse, "toutes les femmes en une"…
Né en 1928 à Téhéran, Serge Rezvani, fils d'une émigrée russe et d'un mage persan, est tour à tour peintre, chansonnier, dramaturge, poète et écrivain.
Reconnu (bien que parfois connu seulement comme l'auteur-biographe des Années-Lumière, son premier ouvrage), Rezvani a écrit une œuvre étonnante et fournie, à l'écart du milieu littéraire.
Dans son dernier roman, L'Amour en face, il rend hommage au cinéma en noir et blanc, à la beauté des femmes d'Hollywood. Ultime variation du bonheur amoureux, dans laquelle, pour la première fois, le couple tant écrit se raconte par la parole d'un autre, acteur et séducteur irrésistible qui rêve de briser la félicité de cet amour fusionnel.
Rencontre à la Béate, autour du cinéma, des plaisirs de l'amour, de l'écrit et de leurs variations...

Pourquoi avoir sous-titré ce dernier roman "ciné-roman" ?
J'ai fait ce dernier roman un peu comme un roman-photo. C'est un de mes rares livres linéaires. Il est construit sur une succession d'images ; c'est pour ça que je vais en faire un film, d'ailleurs. J'ai hésité à choisir "ciné-roman" pour titre, mais je trouve que L'Amour en face est beaucoup plus juste. Pour moi, ça a une signification beaucoup plus profonde, par rapport à toute notre vie avec ma femme. C'est une dernière façon d'aborder le même sujet puisque j'ai toujours écrit la même chose sur nous qui avons vécu jour après jour la même chose. Nous avons aboli le temps, par la répétition. Ce livre est un dernier hommage, pour lequel je me mets dans la parole du séducteur, de celui qui est autre, qui est en face, pour la première fois. D'habitude, je suis à l'intérieur de l'amour et là, j'ai essayé d'objectiver.
C'est très amusant d'écrire tout à coup du point de vue, cynique, d'un séducteur. Pour moi, L'Amour en face est une réflexion sur Don Juan aussi ; parce que finalement, on a une fausse idée de Don Juan, celle, absurde et stupide, des petits-bourgeois qui ont une vie très très moyenne et qui rêvent un Don Juan qu'ils ne seront jamais bien sûr, celui qui marque son territoire avec son sexe, partout. Pour moi, Don Juan, c'est l'homme d'aujourd'hui, qui rate tout, qui détruit le milieu dans lequel il vit, qui détruit les femmes quand il s'attaque à elles, qui se détruit lui-même et qui n'aboutit jamais puisqu'il veut être ailleurs. C'est ça l'homme, le masculin, qui est toujours en projet, qui veut être là où il n'est pas, qui veut aller plus vite qu'il ne peut aller. C'est la civilisation occidentale… L'éternelle insatisfaction qui donne quelque chose de positif uniquement dans la création. Le moteur de la création, c'est l'insatisfaction, bien entendu. L'homme satisfait, c'est l'artisan, qui refait toujours la même chose, parfaitement bien. Tandis que le créateur ne peut rien terminer, il recommence toujours quelque chose qu'il ne peut terminer et qui est toujours insatisfaisant. Le mythe de Don Juan, l'insatisfait que veut toujours être ailleurs, ce sont les artistes qui ont réussi à en tirer quelque chose. A mon avis, Don Juan n'a rien tiré de la vie, il est mortifère.