Par Bruno Boudjelal. Photos : Bruno Boudjelal. Mon père est algérien, ma mère française et il y a encore quatre ans, je n'avais jamais rencontré ma famille algérienne. Je ne savais même pas qui ils étaient ni où ils habitaient.
En juin 1993, je suis allé en Algérie pour la première fois afin d'effectuer un reportage photographique. J'ai décidé d'y rester plus longtemps pour tenter de retrouver ma famille. Mon père ne voulant pas que je retourne là-bas, je n'ai pas pu obtenir de lui les renseignements nécessaires à mes recherches. Une seule indication : son lieu de naissance. Je me suis finalement retrouvé, un jour de mai 1993, dans un petit village de la région de Sétif, entouré de femmes en larmes, bouleversées de voir, 44 ans après le départ de mon père, son fils frapper à leur porte. Quelques jours après cette rencontre, mon père m'a téléphoné chez ma tante à Sétif. Après quelques mots, je lui ai passé sa sœur, Nouara, avec qui il n'avait pas parlé depuis si longtemps. Ma tante m'a raconté sa jeunesse et celle de mon père, période sur laquelle il a toujours été très silencieux. J'ai appris que c'est le premier mari de ma tante qui l'a emmené en France en 1953.
? mon retour en France, je l'ai senti très perturbé par ce retour du passé. Il n'a pu s'empêcher de me questionner sur la vie de sa famille algérienne. Au cours de l'automne 1996, mon père est venu me voir pour me dire qu'il était décidé à retourner là-bas et pour me demander si je voulais aller avec lui. Ce n'est qu'en juin 1997 que nous sommes partis.
Quelques jours avant le départ, je commençai à ressentir une certaine appréhension. Etaient-ce les dires de notre famille, de nos amis qui, apprenant notre départ, essayèrent de nous dissuader de partir, nous rappelant toutes les informations alarmantes relatées par la presse, les radios et les télés ? Etaient-ce tout simplement les nombreuses inconnues que comportait ce voyage ? Etait-ce parce que, pour la première fois, mon père et moi partions seuls, ensemble ? Ou était-ce parce que je redoutais ce que nous allions trouver là-bas ? D'un commun accord, nous avons décidé que je photographierais tout notre voyage.
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