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L'Oeil électrique #31 | Musique / Adrian Sherwood, une oreille d’avance

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Par Nicolas Franek, Stéphane Corcoral.
Photos : Patrice Normand.

Adrian Sherwood crée le label On-U Sound en 1980. Une auberge espagnole qui abrite diverses hybridations reggae/punk/funk/industriel telles Creation Rebel (avec Neneh Cherry), New Age Steppers, ou d'autres, versées au quasi bruitisme sonore et qui émettent une critique virulente de la société marchande, comme Mark Stewart & The Maffia, Tackhead & Gary Clail. Un label qui se distingue aussi par son soutien inconditionnel apporté à des chanteurs jamaïcains mésestimés tels Prince Far I, Congo Ashanti Roy, Mickey Dread ou encore Bim Sherman. Tous ces disques, outre la particularité d'être en prise directe avec la culture jamaïcaine, ou d'en utiliser les techniques de mixage et de production, sont curieusement crédités d'une date d'édition augmentée de dix ans. Ce qui a valu comme explication crâneuse de la part de Adrian Sherwood "…que On-U Sound avait une décennie d'avance…". Rien que ça. Cependant, le tournant des années 90 confirme que le dub et le reggae sont devenus deux genres à part entière de la culture populaire et qu'ils ont participé, peut-être plus que d'autres, à la régénération des musiques pop ou rock. On-U Sound et son fondateur ont très certainement au plan musical (beaucoup moins au niveau commercial) contribué à ouvrir la voie à des groupes comme Massive Attack, Tricky et bien d'autres qui se réfèrent à la musique jamaïcaine.

Comment avez-vous commencé à vous intéresser à la musique ?
Je crois que le premier disque que j'ai aimé était Walking to New Orleans de Fats Domino. Je devais avoir 6 ou 7 ans… Et puis, vers l'âge de 11 ans, tous les gens de mon âge commençaient à s'intéresser à la musique et donc j'ai fait comme tout le monde. Et là où j'habitais, à Slough dans le Berkshire, j'avais des tas de copains originaires des Antilles qui écoutaient du ska et du blue beat, genre Al Capone de Prince Buster ou Ghost Town Ska de Barbara Brooks, et aussi Tamla… J'aimais vraiment la musique noire de l'époque. J'aimais aussi les choses plus pop comme T. Rex, tout ça… comme tous les autres gosses en fait. Mais j'avais un copain dont la famille venait des Antilles ; j'allais souvent chez lui et sa grande sœur avait un tourne-disque et c'est comme ça que j'ai commencé à découvrir la musique des Antilles.

Quelle était la situation politique à la fin des années 70 ? En quoi est-ce que ça faisait que la musique…
… était si bonne !
La situation sociale en Angleterre était telle qu'il y avait beaucoup de pauvreté : beaucoup de gens avaient un mode de vie très précaire, une mauvaise alimentation… c'était très répandu en Angleterre. Et c'est encore le cas aujourd'hui.
Dans les années 70, le gouvernement travailliste était usé : ils avaient eu de gros problèmes avec la crise du pétrole, ils devaient rembourser des sommes colossales au FMI, l'inflation était énorme, et tout ça a amené l'élection de Thatcher. Or à cette époque, il y avait très peu de travail, et encore moins pour les Noirs, pour qui les choses étaient globalement très difficiles. Tout ça a amené des émeutes, comme par exemples celles de Brixton (1981). Beaucoup de jeunes avaient le sentiment qu'il n'y avait rien pour eux dans cette société, qu'on ne voulait pas d'eux. Et pas seulement chez les Noirs d'ailleurs, chez les Blancs aussi : pas de carrière, l'industrie partait en couille, il y avait les grèves de mineurs... Et au niveau de la musique, ce que les jeunes voyaient dans l'industrie musicale, c'était des énormes groupes de rock qui jouaient dans des salles immenses, avec des jeux de lumières gigantesques… et du rock de merde ! A cette époque, quand on voulait autre chose que la merde que nous faisaient bouffer les majors anglaises, la vraie scène alternative underground était la scène jamaïcaine.