Par Serge Vacher. Dimanche, Marrakech J'attends le car pour Ouarzazate. Je viens de commander un café au lait, le thé à la menthe sera pour plus tard. Je refuse les bijoux et les Marlboro en souriant. Le car est moins onéreux que les "petits taxis" qui conduisent les touristes de l'aéroport de Marrakech jusqu'au centre ville. La course en taxi de quatre kilomètres m'a coûté deux fois plus cher que le billet de bus que je viens d'acheter. Bienvenue au Maroc. Salaam Aleïkoum ! "Tu as une femme, chef ? m'a demandé le type du taxi. L'attente à la station est longue. Le bus ne part que lorsqu'il est plein, on ne prend personne en cours de route. Au milieu des klaxons et des vrombissements poussifs des diesels nauséabonds, notre bus se fraye un chemin vers la sortie de la gare. Enfin le boulevard, puis les faubourgs de la ville, et c'est l'asphalte gris. Je fais la connaissance de Younès, un jeune instituteur de Ouarzazate. Sa tenue, veste de toile, chemise blanche et pantalon droit, contraste avec les gandouras, djellabas et chèches. C'est un garçon curieux et attentif. Ses questions m'aident à supporter l'inconfort du voyage. Après quelques kilomètres, nous nous lançons à l'assaut du mont Tizi-n-Tichka. Arrêt d'une vingtaine de minutes : tout le monde en profite pour manger. Je me contente d'un coca et d'un petit paquet de madeleines. La nuit est tombée. Seule la lueur des phares permet d'entrevoir les précipices et les murs rocheux entre lesquels le bus slalome. J'ai bien fait de ne pas trop manger. Notre chauffeur conduit avec beaucoup d'audace, tapotant sur le volant au rythme des chants berbères d'une cassette. Au bout de cinq heures de route insensée, nous atteignons enfin Ouarzazate. Allah est grand !
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