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L'Oeil électrique #31 | Rayon frais / DVD

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RAYON FRAIS / DVD .

Maniac
William Lustig
(GCTHV)

Interdit pendant deux ans sous l'ère giscardienne, Maniac n'avait jusqu'à présent bénéficié que d'une édition VHS médiocre en 1984. Il est donc surprenant de se trouver face à cette prestigieuse copie accompagnée de bonus vraiment intéressants (commentaires audio, documentaire sur l'acteur principal Joe Spinell, interviews, etc.).
Maniac est un slasher movie (1) tourné pour une poignée de dollars. Alors que l'Amérique est bercée par l'utopiste politique reaganienne, le réalisateur dépeint une ville glauque, sombre, où il suffit d'un seul esprit malade pour plonger la mégalopole (symbolisant le pays entier) dans un sentiment de parfaite insécurité. En dépit de son budget réduit, William Lustig réussit un véritable bijou de film d'horreur, se situant quelque part entre Psychose et les meilleurs giallos (2). A contre-courant de la vague de croquemitaines (Jason, Freddy…) qui commençait à envahir les écrans, Maniac choque par son traitement simple et réaliste des tourments d'un psychopathe. Son ambiance oppressante, renforcée par des effets très gores (le maquilleur Tom Savini y perfectionnait son art) en font un film qui s'adresse à un public averti. Cette sortie s'accompagne d'un autre coffret, comprenant les deux Maniac Cop du même réalisateur. Ceux-ci n'atteignent cependant pas la classe de leur prédécesseur. Après quelques autres métrages oubliables (Vigilante, Uncle Sam…), Lustig fonde Anchor Bay et devient un producteur actif de documentaires sur des réalisateurs de films d'horreur.
Bastian Meiresonne
(1) Genre s'articulant autour de la figure du tueur en série et dont le prototype est Halloween de John Carpenter.
(2) Genre de film d'horreur italien, qui tire son nom des romans d'épouvante à bon marché dont la couverture était jaune ("giallo" en italien). Le maître du genre est Dario Argento.

Don Quichotte
Orson Welles, montage supervisé par Jess Franco
(Gaumont/Columbia Tristar)

Si la carrière d'Orson Welles est jonchée de films inachevés ou avortés, Don Quichotte est sans doute le ratage le plus éblouissant de toute son œuvre. Son tournage, commencé en 1954, s'est étendu sur une vingtaine d'années et Welles en a fait un éternel work-in-progress. Parallèlement au tournage, il commence en effet à monter le film, dont la sortie ne cesse d'être repoussée au gré des interruptions de tournage. Face à cette Arlésienne, les critiques pressent Welles de questions, au point que celui-ci envisagera avec humour de renommer son film When Are You Going to Finish Don Quixote ? ! Une question plus juste aurait été : avez-vous l'intention de sortir Don Quichotte un jour ? Il semble bien, en effet, que ça n'ait pas été le cas. Plus Welles avance dans le tournage, plus il fait corps avec son sujet qui devient son enfant chéri, entretenant avec ce film une relation fusionnelle et exclusive qui interdit de le partager avec le public. Quelques semaines avant sa mort en 1985, Welles travaillait encore au montage de son Quixote… Fallait-il alors sortir le film ? Si l'on se réfère à ce que Welles aurait souhaité, sans doute pas. Mais pour le cinéphile, la sortie de cette œuvre mythique est un événement. Bien sûr, l'état de chantier dans lequel Welles a laissé son film ne permet pas de le considérer comme une "œuvre" de Welles à part entière : Jess Franco a en effet adopté des partis pris personnels, parfois discutables. Mais le résultat, dans son inachèvement même, témoigne de l'immense cinéaste qu'a été Welles.
Eric Magnen

JSA (Joint Security Area)
Park Chan-wook
(TF1 Vidéo)

Deuxième film du Coréen Park Chan-wook à nous parvenir et bien qu'auréolé du Grand Prix du dernier festival du film asiatique de Deauville, JSA n'a pas eu, contrairement à son prédécesseur Sympathy For Mr. Vengeance, les honneurs d'une sortie en salles. Il est un peu dommage de traiter ainsi ce blockbuster, plus grand succès commercial de l'histoire du cinéma coréen. Sans doute le sujet très national du film a-t-il refroidi les ardeurs d'éventuels distributeurs.
Le Major Sophie E. Lang, représentante suisse des Nations Unies (mais d'origine nord-coréenne par son père), doit élucider un fait divers survenu à la frontière des deux Corées, à l'origine d'une grave crise internationale : fait prisonnier par des garde-frontière nord-coréens, un soldat sud-coréen a tué ses geôliers avant de s'enfuir. Tout se cristallise autour de la Joint Security Area (Zone commune de sécurité), cette ligne physique qui symbolise la frontière entre les deux pays, sévèrement gardée de chaque côté. Là où Sympathy… était alourdi par de trop nombreux effets gore hors de propos, JSA est plus avare en la matière et plus maîtrisé. En dépit d'une mise en scène essentiellement fonctionnelle, il bénéficie de quelques beaux moments poétiques (poursuites nocturnes dans des champs qui évoquent La Ligne rouge de Terence Malick ; une casquette s'envole avec le vent et franchit la ligne fatidique, provoquant la gêne des deux côtés ; ou encore des soldats des deux bords se trouvant face à face alors que la neige a recouvert la ligne séparatrice…) Ce sont ces instants, et l'humanisme qui se dégage du film qui font tout l'intérêt de JSA.
Eric Magnen

Instrument
Jem Cohen/Fugazi
(Dischord, DVD disponible sur le site http://www.dischord.com)

Fugazi, comme son nom ne l'indique pas est un groupe américain et non japonais. Il fait figure de référence par sa longévité et son intégrité dans le milieu punk-rock. Ses quatre membres peuvent se vanter d'avoir joué dans tous les Etats des USA (Alaska et Hawaï compris) et dans une bonne partie du monde. Guy Picciotto, un des chanteurs-guitaristes, est très beau (mais moins que les jumeaux de Blonde Redhead) et très agile (il peut chanter une chanson accroché la tête en bas à un panneau de basket). Jem Cohen, ami d'enfance de Ian Mackaye (l'autre chanteur-guitariste), a entrepris de documenter la vie du groupe depuis ses débuts. Instrument résume donc 10 ans de concerts, répétitions, interviews, coulisses, enregistrements en un peu moins de 2 heures.
Quelques anecdotes marquantes : pour faire rentrer tous les instruments dans le van, le groupe doit suivre un plan très précis ; les fans de Fugazi sont plutôt des adolescents au physique ingrat mais font la queue bien sagement, par contre les spectateurs indélicats gesticulant trop violemment se font engueuler et tirer les oreilles (voire mettre dehors à coups de pied au cul) ; le groupe enregistre un album à la maison (chacun dans une pièce), traverse le pays en minibus, se fait interviewer sans trop de motivation par une lycéenne…
Si on n'aime pas trop le punk rock et/ou que l'anglais n'est pas notre fort (le film est en VO), on peut quand même regarder le film pour ses chouettes images filmées en super 8.
En bonus, quelques titres live de Fugazi et deux courts métrages de Jem Cohen dont Little Flags impressionnant par son caractère prophétique du 11 septembre 2001.
Tony Papin