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L'Oeil électrique #4 | Société / Les amis d’Ozenda

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Par Cyril Bilbeaud.

L'association des amis d'Ozenda est basée à Salernes dans le Var. C'est là-bas que j'ai rencontré leurs principaux membres actifs : Jean-Claude et Simone Caire, et Pierre Marquer. Ce premier contact avec eux m'a permis de faire toute la lumière sur une forme d'art qui mérite que vous m'accordiez un peu de votre temps, " Ô combien précieux ! ", pour me suivre le long de ces quelques lignes.

Ayez confiance…
Ne nous méprenons pas, je ne vais pas vous parler d'une de ces multiples sectes qui, depuis 68, foisonnent dans les coins reculés de cette région. François Ozenda n'est pas un quelconque gourou, mais un bon vivant, un peintre, un poète... un artiste marginal, dont l'œuvre, à sa mort, aurait tout simplement pu tomber dans l'oubli. Par bonheur, de sa vie d'artiste hors des normes, outre un nombre incalculable et incalculé d'œuvres, il aura laissé des " amis ", des vrais de vrais, de ceux qu'on trouve au détour d'une chanson de Brassens. Ce sont ces mêmes amis, sous l'impulsion de Jean-Claude et Simone Caire, qui, refusant cette mort survenue trop vite, créeront l'association simplement pour que son œuvre et sa mémoire restent vivantes.
Les premiers Bulletins de l'association lui sont entièrement consacrés.
C'est après l'exposition du musée d'art moderne de Paris en 78, sur le thème de l'art singulier, que le bulletin élargit son panorama. L'état des lieux effectué lors de cette manifestation montre aux membres de l'association que cette vision créative et singulière habite bon nombre d'autres artistes. Fort de cette constatation, la décision est prise : le bulletin sera singulier-pluriel ou ne sera pas.

Un art marginal mais pas dégénéré
Nous voilà dans le vif du sujet : l'art singulier, hors les normes, art cru, outsider art, création franche... Même si les appellations sont légion, la synthèse nous donne une création qu'on pourrait résumer ainsi : un art exécuté par des gens qui n'ont pour la plupart, pas la moindre formation artistique, qui sont parfois totalement acculturés, et en tout cas insouciants des courants artistiques. L'exemple le plus connu est sans doute celui du facteur Cheval, avec son palais idéal d'Hauterives.
Ne fréquentant pas la nomenklatura artistique, ces " marginaux " ont toujours été ignorés, et même craints, leur passion n'étant pas toujours facile à vivre au grand jour : ne pas agir en fonction des critères habituels dans un milieu artistique, c'est apparaître comme un original, mais dans un milieu simple, c'est souvent passer pour un fou. Pour cette raison, les traces sont rares, bien que ce type de création ait probablement toujours existé.
C'est sous l'impulsion de Jean Dubuffet que cette forme d'expression, jusqu'alors ignorée, sort pour la première fois de la confidentialité avec la création de la Compagnie de l'Art Brut en 1948, aujourd'hui basée à Lausanne. Depuis, on compte en France une demi-douzaine de musées consacrés à cet art autodidacte, et plusieurs revues, dont le bulletin des amis de François Ozenda, qui aujourd'hui, est le plus important, le plus complet et le plus documenté.

Singulièrement hors-normes
Du discours intarissable et passionné de Jean-Claude Caire, on retiendra l'amour qu'il porte à ces artistes du quotidien : " Toutes les qualités résident en fait dans l'interprétation de la vision du monde complètement différente de ce que l'on peut voir dans l'expression commune des artistes culturels. "
On feuillette le bulletin comme un album souvenir : " La démarche est de montrer ce qui existe en tâchant toujours de garder l'émerveillement, trouver autre chose chez les gens que les banalités du quotidien. "
Le ton y est convivial, pas question de critique : " On peut détruire Buren, on peut détruire César, parce qu'ils font partie d'un système établi, structuré, qui en quelque sorte exige la critique. On peut être d'accord ou pas d'accord, mais on ne peut pas critiquer des gens qui font leur petit bonhomme de chemin sans rien demander à personne. " La liberté, justement, est de ne pas être critique : " Presque tous les artistes singuliers sont des mystiques, portés par le spiritualisme et souvent la superstition, même s'ils sont parfaitement intégrés dans la société, tous ont quelque chose qui sort de la normalité, un décalage, une certaine liberté, une révolte. Ils s'épanouissent en l'exprimant. "
Les nouvelles découvertes se font naturellement : " On peut trouver dans chaque village ce quelqu'un " d'un petit peu bizarre " : il suffit de porter une oreille attentive aux rumeurs que colportent " les gens bien intentionnés ". Il y a aussi ceux que l'on découvre au hasard des promenades, les environnementalistes, qui décorent leur jardin, leur maison. "
Quel regard portent les professionnels sur ces marginaux ? " Les galeries essaient de miser sur l'art marginal, mais c'est d'autant plus difficile que beaucoup de singuliers ne jouent pas le jeu du marché, beaucoup n'ont pas le but d'en vivre... et puis, il y a un tel marché, il y a tellement de pièces à écouler que l'art singulier n'est pas près d'être coté. C'est ce qui protégera un peu cet art. "

C.Q.F.D
De cette attirance naturelle pour une créativité extrêmement vivante est né ce besoin vital d'en garder la trace. La mémoire est donc devenue collective, et c'est depuis tout un minutieux travail d'archivage de la moindre information : articles, rencontres, annonces, comptes-rendus d'expositions...
Les manifestations dans ce domaine restant restreintes, il leur est aisément possible d'être au courant de tout ce qui se passe aussi bien en France, qu'en Europe ou aux États-Unis. Les échanges avec Ann Oppenhimer, présidente de l'association de Folk Art américain, leur permettent d'avoir une abondante documentation sur l'art singulier aux USA : une véritable mine d'informations pour ceux qui voudraient en savoir plus sur cet art au cheminement encore étroit.
Étant donné le caractère spécialisé du bulletin, la régularité de parution importe peu. De manière générale, elle tourne autour de trois numéros annuels. Dans un système associatif, tout dépend des fonds, de la somme d'informations, des artistes... La volonté est de ne pas toujours parler des mêmes, plutôt de diversifier. Les derniers numéros dépassant les 300 pages, les sorties sont vouées à s'espacer. L'association préfère primer le renouvellement et la découverte par rapport à la régularité de la diffusion. Le but essentiel reste de continuer à faire fusionner ces micro-sociétés, créer une vie collective pour leur permettre de s'opposer avec leurs modestes moyens au monde de l'art " culturel ". En finir avec cette étiquette de " marginaux ". Après 62 bulletins, l'action fédératrice et l'esprit de découverte restent aussi forts. L'équipe compte suffisamment de passionnés : tous désirent ardemment que la page ne soit pas tournée sur cette facette encore souterraine de notre culture....


Le bulletin de l'association des amis d'Ozenda - BP 44, 83690 Salernes - tél. : 04 94 70 60 66

Autres revues
Gazogène - 108, rue Jean-Baptiste Delpech, 46000 Cahors
Création Franche - 58, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 Bègles
Les friches de l'art (fanzine littéraire) - 2, impasse des Hortensias, 33500 Libourne
L'art en Marge - 59, rue des Alexiens, B1000 Bruxelles
L'art immédiat/L'atelier de Sciapode - 29, rue Ramey, 75018 Paris
De l'autre côté du mur (fanzine littéraire) - 1, rue de l'église, 29190 Brasparts

Musées
La Collection de l'Art Brut et la Neuve Invention à Lausanne (Suisse)
La Fabuloserie à Dicy (Yonne)
L'Aracine, musée d'art moderne à Villeneuve d'Asq (Nord)
Le Site de la Création Franche à Bègles (Gironde)
le Petit Musée du Bizarre à Lavilledieu (Ardèche)
L'association des amis de la Collection Cérès Franco d'art contemporain à Lagrasse (Aude)
L'Art Cru Museum à Montéton (Lot et Garonne)
La Galerie Alphonse Chave à Vence (Alpes Maritimes)