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L'Oeil électrique #4 | Jamais trop tard / Pour la poésie sonore

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JAMAIS TROP TARD / POUR LA POÉSIE SONORE

Par Julien Ottavi.

Une langue, même incomprise, peut se passer de la traduction dès que l'oralité revient. " Le poème est essentiellement édification, rassemblement et/ou éclatement de soi... et du reste. Un éclairage, une cicatrice, une faille ouverte sur... sur... sur tout, tout, tout sauf lui-même, de grâce, pitié, de l'air, qu'il soit action, et non cette sempiternelle réflexion de/ou sur lui-même ; qu'il cesse enfin de se masturber, de se... de se... qu'il remue, circule, vive, bouge, agisse, au lieu de... avant de... se complaire à sa propre image. (...). De l'air, de l'air. Oui. Mais oui. Car. Mais. Car la poésie est ouverte. Maintenant. De façon permanente. Non définie, cataloguée, répertoriée, à tout jamais comme on aimerait nous le faire croire ".
Bernard Heidseick

Antonin Artaud , Pour en finir avec le jugement de dieu
N'appartenant à aucun mouvement artistique, poétique ou littéraire, Antonin Artaud est pourtant une référence : l'homme de théâtre devenu poète, tyrannisé, exilé, celui dont la voix, meurtrie par l'internement, ouvrit de nouveaux chemins à la poésie, au théâtre, à la musique et à l'écriture.
Antonin Artaud (1896-1948) dit le Momo enregistra une émission, en plusieurs séances du 22 au 29 novembre 1947 dans les studios de la Radiodiffusion Française. Elle fut aussitôt interdite d'antenne, mais vient d'être rééditée en audio par le label belge Sub Rosa. Cette émission est composée de textes virulents, de musique et de poésie. Antonin Artaud, à travers cette œuvre radiophonique (l'une des plus représentatives de son travail), découvre une voix grinçante, jouant dans les graves, dans les aigus, pleine d'une théâtralité toute vivante. Une voix, qui tout au long de cet enregistrement, oscille entre le sens (très présent), la phonétique et le sonore. Une voix qui inspira de nombreux poètes sonores, parmi lesquels William Burroughs ou Brion Gysin. Certains passages de cet enregistrement contiennent d'ailleurs des poésies sonores au sens propre, où le verbe disparaît au profit du son et du cri qui fut l'une des armes les plus importantes d'Artaud. L'interdiction de ce poème radiophonique fut la dernière grande déception d'Artaud qui le considérait " enfin comme une première mouture du théâtre de la cruauté " qui produisait, selon ses propres termes " un avatar de tous les diables ".

Ouroboros, " chant " de Louis Calaferte
Louis Calaferte, pour qui l'écriture était nécessaire à la survie, Louis Calaferte écrivain du quotidien, à la manière d'un Henry Miller, écrit avec Ouroboros une grande œuvre de poésie sonore ou, pour être précis, de poésie phonétique où le verbe prend une allure de bête incontrôlable : cet Ouroboros, en effet, contient une charge affective de bruits-sons qui sauront ébranler l'imagination et mettre en activité les vibrations nerveuses de l'homme. Mais personne ne peut parler aussi bien de son œuvre que le maître lui-même : " ...Je ne me fais aucune illusion. Ouroboros est illisible sur une durée de trente ou cinquante pages. À la vérité, il n'est lisible, c'est-à-dire recevable que par bouffées émotionnelles (j'en ai à présent quatre-vingt dix pages, travail qui s'étend sur plus d'une année). Vous voyez donc la lenteur, qui provient du fait que je ne l'écris que dans des moments d'extase, d'inspiration. Il ne s'agit pourtant pas d'écriture automatique. Je serais plutôt porté à employer le mot 'magie'. Je compare ce travail à ce que doit être l'écriture d'une symphonie pour un musicien... ". Ce livre est une sorte de partition musicale. Un enregistrement audio de ce texte ne devrait pas tarder à voir le jour.

Bernard Heidseick, poème partition T
" Il y a le ferment des saisons à vendre. Tous les portails à basculer. Pour atteindre enfin le plain-chant à portée de voix. Et saisir le vol des mots... " écrit Bernard Heidseick. Son activité commence vers 1955 avec ses poèmes partitions. Pour Heidseick la poésie est poésie-action. La bande préenregistrée fait office de fil conducteur de la performance tandis que l'auteur, présent physiquement, poursuit à haute voix l'ombre audible de son texte, produisant des effets de réverbération sonore, des ricochets amnésiques semblables à certaines expériences hallucinatoires. Avec la poésie action de Heidseick, littéralement, on " entend des voix " - pas de celles qu'entendaient Jeanne d'Arc ou d'autres psycho-mystiques tels qu'Adofi Wölfi (génial artiste et poète phonétique, enfermé à l'asile de Waldau) - mais les voix d'une poésie en train d'advenir sous forme de sons, d'une écriture orale en train de naître, de se formuler, de se projeter en public. Une pensée qui se met à l'écoute d'elle-même - par micro, sono et auditoire interposés.