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L'Oeil électrique #5 | C’est beau la vie / Quel bonheur d’être amoureux!

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Par Denis Leroux.

"Vitalité de l'amour : on ne saurait médire sans injustice d'un sentiment qui a survécu au romantisme et au bidet.."
Cioran.


Retrouver du bonheur

Horreur ! Damnation ! En France, l’amour n’est plus synonyme de bonheur ! Le C.R.E.D.O.C. le dit et le prouve statistiquement : à la question "Si je vous dis ‘être heureux’, à quoi pensez-vous ?", seulement 72 personnes sur un échantillon de 1000 (triées sur le volet, cela va de soi) pensent à l’amour. Sentiment cité loin derrière (je ne vous épargne pas la liste) la santé, la famille, le travail, l’argent, les enfants et le pouvoir.

Comment cela se peut-il ?

La philosophie est pourtant formelle : Robert Misrahi, interrogé dans le magazine Sciences Humaines d’août 97, nous dit et nous répète que l’amour est une composante essentielle du bonheur. Il ajoute que le bonheur ne doit pas être seulement spontané pour être solide, mais qu’il faut opérer une "conversion philosophique", c’est-à-dire percevoir l’Autre comme un sujet, et non pas comme un objet.

Afin de contribuer, à l’aube de l’an 2000, à redorer le blason de l’amour heureux et durable, nous vous proposons de recopier cent fois sur papier libre "moi aussi, je veux opérer la conversion philosophique" et si tout le monde s’y met… croyez-moi, croyez-moi.

Comme le disait si bien Voltaire : Nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont une.

Alors buvons ! Buvons à la santé du bonheur et de l’amour.



Et pour commencer, tombons amoureux

L’idéal reste encore le coup de foudre. Passionnel, incontrôlable, héroïque, de préférence réciproque et simultané, le coup de foudre se fiche de toute organisation sociale, c’est-à-dire de vos revenus respectifs, de l’avis de votre famille, de l’envie de progéniture, de la couleur de vos yeux, de votre localisation géographique, et même, même, si l’on va jusqu’au fond, de votre capacité à faire jouir votre partenaire.

Il ne subsiste qu’un problème : le coup de foudre étant imprévisible, il faut s’efforcer de l’oublier.

Et si cela vous arrive quand même (l’espoir fait naître), sachez qu’il existe une vie après l’amour fou. Trois voies s’offrent à vous :

a) Incorporation des contraintes sociales et normalisation de la vie de couple : vous finissez comme vos parents.

b) Résistance aux contraintes sociales et relationnelles : rupture.

c) Toi Roméo, moi Juliette (variante : Toi Tristan, moi Yseult). Vous allez jusqu’au bout de votre rêve égoïste et bicéphale en vous donnant la mort.



Kâma-sûtra

On ne présente plus cet ouvrage hindou dont la première élaboration scripturaire remonte au 4ème siècle avant J-C. Véritable pavé contenant trente-six... chapitres et bien plus d’exercices sportifs que Véronique et Davina ne pouvaient en rêver.

La dernière partie du livre, intitulée Aupanishadika (pratiques occultes), nous livre une poignée de recettes culinaires magiques, fort utiles en amour. à essayer absolument :

"En tenant dans sa main gauche un œil de paon ou de hyène, enveloppé d’or, on réussit en amour."

"L’attrait physique est amélioré en enduisant le corps avec un produit fait de Tagara (valériane), de Kushtha (Saussurea lappa) et de Tâlishapatra (Flacoustia cataphracta)."

"Tremper des os de chameau dans du jus de Bhrîngarâla (Vedelia calendulucea), les briser en petits morceaux et les purifier par le feu. Mettre la cendre dans un tube fait d’os de

chameau avec de l’antimoine (Sroto anjana). Appliquer sur les cils. La personne regardée est envoûtée par un simple regard."

"(...) mettant en poudre des épines de Snuhi (Euphorbia nerifolia) du Punarnavâ (Boerhavia diffusa), mêlés à des excréments de singe et des racines de Lngalikâ (Gloriosa superba), celle qui reçoit cette mixture sur la tête n’aimera personne d’autre."

"Si un homme s’enduit la verge avec du Datura, du poivre noir (Maricha) et du poivre long (Pippali) écrasés et mêlés à du miel, son usage permet d’envoûter et d’asservir les partenaires."



L’amour courtois

Au Moyen âge, hommes et femmes dormaient nus, souvent dans le même lit et en bon nombre quand leur sang n’était pas bleu. On enlevait ses braies sous la couette, au nom d’une pudeur qui s’essoufflait en même temps que la flamme de la chandelle. L’époque était chaude, et pas seulement la nuit.

Quand Monseigneur partait guerroyer à cheval, sa dame menait un combat d’une toute autre nature, à cheval également. Et parfois contre son gré, car si la morale était laxiste pour les hommes, elle était stricte pour les femmes. Afin de calmer les ardeurs adultères de ces messieurs, le fin amor fit son apparition. Chanté par les troubadours de langue d’oc du 12ème siècle, il décrit une nouvelle manière d’aimer, subtile, platonique, absolue, qui exige donc de rester maître de son désir.

Le chantre le plus célèbre de cet amour courtois reste Lancelot du Lac, épris de Guenièvre, femme du roi Arthur. écoutez voir : "Mon corps est à elle, en état de veille ou de sommeil, mes pensées sont à elle nuit et jour, mon esprit ne tend qu’à cet objet, mes yeux ne regardent que de ce côté, mes oreilles ne peuvent entendre de bonnes paroles que d’elle (...) Je suis soumis à son plaisir sans pouvoir plus disposer de moi que le serf ne peut se soustraire aux ordres de son seigneur."

De quoi faire rêver les filles. De quoi affoler les garçons.

Cela dit, l’amour courtois était un chant réservé à une certain noblesse, qui s’en régalait et considérait cela comme un jeu. Et si j’ai bien lu le Lancelot en prose, j’ai cru comprendre que notre chevalier évacuait la pureté de sa relation royale dans des pucelles admiratives et offertes de la campagne environnante.

De quoi affoler les filles. De quoi faire rêver les garçons.

Deux façons d’aimer...



Dernier recours

Si toutes vos tentatives pour rencontrer l’être cher ont échoué, et si le bon sens populaire vous a convaincu qu’on ne cherche pas l’amour, mais que l’amour vient à vous, il ne vous reste plus qu’à attendre.

Si l’attente est trop longue, vraiment trop pesante... occupez-vous.

Ou opérez un transfert. Le philosophe Arthur Schopenhauer, misogyne parce qu’il était misanthrope fit tout de même de son caniche son unique héritier. Et, bien que ce dernier fût athée, la joie peut survenir, par exemple, d’un amour sans limite pour Dieu ou votre prochain.

Les deux ne sont pas incompatibles :

Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur et de tout ton esprit ; celui-là est le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

(Evangile selon Saint Matthieu)

Aimer Dieu a des avantages. Il est discret, son omnipotence lui permet de se ranger n’importe où chez vous. Il n’émet aucune critique et vous évite un tas de conflits conjugaux. Il n’est pas dépensier. Certes, il peut se venger car il reste maître de votre destinée, mais vous ne vous en apercevez pas.

Bien sûr, Dieu se donne à tous les passants, mais quand on aime, on ne compte pas. Point de jalousie, il suffit de pardonner.

Par Denis Leroux.