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L'Oeil électrique #14 |

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4livres

Dan Kavanagh : Arrêt de jeu
1985, Actes Sud
Traduit de l’anglais par Richard Matas.

Dan Kavanagh est à Julian Barnes ce que Vernon Sullivan fut à Boris Vian : un nom d’emprunt avec lequel il s’essaie au polar. A l’instar du Français, c’est avec succès que Barnes s’adonne à un autre genre, considéré parfois à tort comme "populaire". Dans Arrêt de jeu, Kavanagh nous fait infiltrer les coulisses d’un petit club de foot londonien avec Duffy, son anti Sherlock Holmes : une espèce de Watson pessimiste et cynique. Au cours de la lecture, on passe peu de temps sur la pelouse, mais on tente de découvrir qui veut faire couler l’équipe. Et au passage le lecteur en apprend pas mal sur le fonctionnement d’un club. Les rouages de la machine à faire rêver deviennent un peu plus compréhensibles. La logique implacable du sport-business déjà en marche dans un club de troisième division, de la littérature ? Ici, oui. Mais, additionnez les intérêts personnels des joueurs, qui pensent à leur carrière, ceux des dirigeants, qui pensent à leurs investissements et ceux des entraîneurs : on est déjà loin du sport pour le sport. Puis, il faut aussi gérer les supporters qui d’un côté occasionnent pas mal de dégâts, mais de l’autre font vivre le club de par leur présence pendant les matches. Ils paient leurs places comme tout le monde, et il ne serait pas dans la logique d’un club de vouloir s’en débarrasser : ils vivent en symbiose ces deux animaux-là. Duffy, lui, n’est qu’un détective et footballeur amateur et ses problèmes sexuels lui mettent plutôt du plomb dans les jambes. Mais pour ce qui est de l’enquête, c’est finalement bien sur le terrain que se résoudra l’affaire, si tant est qu’il y ait résolution. Le roman noir de Kavanagh est un prétexte pour aborder, ici, le monde du football sous un angle différent; sans être un "policier" où les balles volent dans tous les sens au détriment de l’histoire et de l’écriture.

EXTRAIT

– Simple curiosité, qu’est-ce qui l’a amené à s’investir dans ce club ?
– Je ne sais pas. Pourquoi éprouve-t-on le besoin idiot de s’acheter une équipe de foot ?
– Essayez de me donner la réponse.
– Eh bien, parfois c’est de famille. Il y a certains clubs qui sont pratiquement des affaires de famille. De père en fils, ou la vieille tante Mabel, qui ont droit de veto au conseil d’administration, etc. Parfois on travaille très agréablement dans ces conditions-là, la grande famille heureuse et tout et tout, mais ça peut aussi être terriblement moche, avec un président qui forme l’équipe. Puis il y a ceux qui s’achètent un club uniquement parce qu’ils sont mordus de football. Ils aiment le jeu, ils aiment le suivre de la tribune présidentielle, ils aiment se faire du fric, ils adorent disposer d’un lot de footballeurs pour jouer comme avec les soldats de plomb qu’ils avaient enfants. Ils sont absolument fous de ce sport, viennent à toutes les rencontres, sans se préoccuper plus que ça de la queue du classement. Quand tout va bien, ce sont ceux-là les plus agréables dans le travail.
– A en juger par la mémoire de M. Prosser quand il s’agit de se souvenir du nom de ses joueurs, j’imagine qu’on ne le classerait pas parmi les mordus de foot ?
Jimmy se mit à rire.
- Eh bien il fait de son mieux, le vieux Melvyn. Oui, il essaie vraiment. Il aime prononcer une-deux, passe courte, tir croisé de l’intérieur du pied. Mais à dire vrai, notre bonne vieille équipe ne lui donne pas souvent l’occasion de se servir de son vocabulaire technique. Non, je crois que Melvyn lui-même reconnaîtrait qu’il est un propriétaire de troisième catégorie. Un gars du pays, qui s’est fait tout seul, qui possède tout ce qu’il désire, la grande baraque, l’affaire qui marche, de l’argent et tout à coup qui ne sait plus que faire de tout ça. Se payer l’équipe du coin semble la réponse. Un peu de célébrité, sa photo dans le journal presque à tous les coups. Le héros local et tout ça. ça vous change. C’est un univers différent, au début, c’est tout feu tout flammes même si ça s’éteint un peu au bout de deux ans.