Jeremy Rifkin : L’âge de l'accès Economiste militant, Jeremy Rifkin est aussi expert en relations internationales et l'un des conseillers de l'administration Clinton. Après avoir pronostiqué, il y a quelques années, la fin du travail dans un livre du même nom, il s'attelle aujourd'hui avec son dernier ouvrage, à analyser le passage de l'économie de marché vers l'économie en réseaux. Derrière un titre pour le moins ésotérique, il développe une thèse fondée sur le remplacement de la notion de propriété par celle d'un droit d'utilisation. Ce droit, qu'il nomme accès, caractérise à ses yeux la dématérialisation générale de notre société moderne. Si cette logique se retrouve pleinement dans les domaines naturels de la nouvelle économie (forfaits Internet, par exemple), on la voit contaminer aussi de plus en plus l'ensemble du champ social (notamment la culture). Plus rien ne nous appartient, car plus rien n'est à vendre physiquement. Pas même notre corps : ainsi, un homme dont un tissu organique produisait des cellules anticancéreuses s'est vu déposséder de tout droit sur l'exploitation de celles-ci au profit d'un laboratoire. Seul compte désormais le concept : "Quand la pensée humaine devient une marchandise aussi prisée, qu'advient-il des idées qui malgré leur importance, n'ont pas de potentiel commercial immédiat ?" se demande alors l'auteur. C'est ainsi que la sphère culturelle est devenue le prolongement le plus abouti de l'hypercapitalisme et qu'elle se dénaturerait à une vitesse affolante. L'uniformisation que sous-tend la privatisation de l'expérience vécue (c'est-à-dire, le pistage marketing des goûts et des comportements de toutes les personnes amenées vers l'accès) en serait d'ailleurs la cause principale. |