Jacques Mondoloni : Les goulags mous - La brigade des télépathes
Poche

" Au fond, comme la plupart des dirigeants, John Picard regrettait la période barbare, l'époque de l'impérialisme triomphant des débuts de la Fédération, et les salves d'applaudissements, programmées, minutées, lui rappelaient le culte de la personnalité qui délivrait un autre goût de pouvoir, A présent, la terreur par l'humiliation et le sang était inutile, démodée, à cause de la création de la PE, et les tyrans ne pouvaient donner libre cours à leur folie et à leur cruauté. "

La PE, autrement dit la Police Expérimentale, est exclusivement composée de télépathes au service de pouvoir ; elle est garante de l'ordre public dans cette gigantesque Fédération autocratique - et son lot d'horreurs répressives mais aussi préventives qui a laissé son empreinte rouge sur l'ensemble de la Terre.
Puissante, véritable enjeu politique, la PE va entrer dans la grande course au pouvoir...
Le décor est planté. Ce n'est pas vraiment cet arrière-plan, somme toute classique dans un roman de science-fiction populaire, qui fait l'intérêt de ce premier opus des Goulags mous. A l'Est, rien de nouveau. Bien sûr, les néophytes pourront se plonger dans cette " étrange " univers para littéraire où mélanges des genres et des sujets grammaticaux sont au service d'une histoire vivante mais linéaire ; où le néologisme colore la page et où style s'efface devant l'action, l'intrigue, l'imagination fertile des auteurs.
Cela dit, Mondoloni nous offre un personnage principal craquant et atypique, Richardson, un télépathe rebelle, un antihéros paumé et manipulé qui a difficilement résolu son complexe d'Œdipe et diffuse tout au long de l'histoire - avec la complicité de son créateur - un parfum de sensualité et de sexualité. Les scènes qui le lient à un psychanalyste venu l'étudier en prison sont particulièrement croustillantes.
Est-il facile de suivre une thérapie quand on est télépathe ? Facile lorsqu'on peut entrer dans la tête des gens, de tomber amoureux ? Richardson nous donne un indice :

" Ce qui m'empêche d'avoir des relations normales avec les femmes, c'est que je vois tout de suite si je les attire ou pas. Je n'ai pas à me fatiguer à les séduire : je fais le geste, je dis le mot qu'on attend de moi. Si l'une d'entre elles résiste, se détourne de moi, lâchement je m'infiltre dans la peau de l'homme idéal dont elle a rêvé. Comment voulez-vous tomber amoureux dans Ces conditions ? "