Charles Hagen : Mary Ellen Mark
Phaidon, 125 pages, 49 francs
Amoureux du portrait et de la photographie documentaire et sociale, cette petite sélection du travail de Mary Ellen Mark devrait vous réjouir. Les éditions Phaidon ont en effet réuni le "meilleur" de cette photographe au parcours peu commun. Turquie, Etats-Unis, Inde, Irlande… Autant de pays traversés depuis 1965 pour un travail sur les grandeurs et les faiblesses de l'Humanité. Passionnée par le sort des marginaux, Mary Ellen Mark a intégré dans ses ouvrages des populations qui témoignent de leurs difficultés. Par des éclairages contrastés, des cadrages stricts et les positions désarticulées de ses "modèles", les images résultantes (très souvent en noir et blanc) évoquent la dureté des conditions de vie des classes défavorisées ou isolées : gamins des rues, maisons closes, gosses fugueurs, familles sans abri, gitans, enfants cancéreux en établissements...
Mary Ellen Mark s'est beaucoup arrêtée sur les enfants, les montrant souvent comme des adultes : leurs regards sont très durs, dissimulant une vie déjà bien chargée. Quand elle photographie les adultes, elle y met plus d'humour, notamment dans son reportage sur le cirque, comme si elle accordait davantage de vécu aux plus jeunes. Alors que les adultes ont plus ou moins choisi cette forme de vie, les enfants, eux, se doivent de la surmonter, être débrouillards, amenés rapidement à une maturité précoce. C'est ce qui donne un aspect troublant à son travail.
Mary Ellen Mark, qui est arrivée à cette discipline plus ou moins par hasard, a, entre autres, travaillé en parallèle sur les plateaux de cinéma (Alice's Restaurant, Apocalypse Now...) et intégré l'agence Magnum (grande agence de presse photo créée en 1947, dont l'intérêt se dirige plus vers les sujets de fond que sur l'événementiel) pendant 5 ans.
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