Chris Salewicz & Adrian Boot : Reggae explosion, histoire des musiques de Jamaïque On ne se méfie jamais assez des pavés estampillés "livre référence" parce que gros et pleins d'images. Ils sentent souvent le réchauffé et regorgent d'images mille fois vues. Reggae Explosion déroge à la règle. Les auteurs, respectivement journaliste et photographe ont conçu ce bouquin de manière efficace. Des premiers sound systems jamaïquains des années 50 aux jeunots du nouveau millénaire, Reggae Explosion explore les styles musicaux nés de cette petite île des Caraïbes. Les textes et interviews vont plus loin que les fameux clichés peace and love accolés au gentil rasta fumant son herbe. La Jamaïque est pauvre, très pauvre. Ses rues ensoleillées sont depuis près de cinq décennies le théâtre de violences mafieuses et politiques, agrémentées de trafics en tous genres et d'une marijuana dont la réputation s'est depuis longtemps exportée à travers le monde. C'est sur ce terreau que naissent les sounds systems, véritables shows où les meilleurs DJ s'affrontent à coups de murs d'enceintes et de pistolets lorsque concurrence trop "déloyale" il y a. Bien qu'imbibé de culture rastafari et d'herbe adoucissante, le reggae jamaïquain est dès le départ un business dont les méthodes n'ont rien à envier aux pires mafieux musicaux internationaux. C'est un des grands atouts de ce livre que d'avoir refusé d'idolâtrer cette musique si peace et ces gens si cool. L'histoire musicale et sociologique du reggae est beaucoup plus complexe qu'une carte postale. Les images très belles du livre le soulignent également. Souvent inédites, les photographies restituent plutôt fidèlement l'univers jamaïquain : paysages, personnes, lieux, ambiances. Un long chapitre donne la parole sous forme d'interviews à des incontournables du milieu, hommes ou femmes, vieux briscards ou jeunes loups s'ouvrant radicalement aux influences électroniques. Un regret malgré tout : l'inévitable chapitre - encore ! - sur Bob Marley dont le lecteur n'avait pas besoin. |