Abstrackt Keal Agram : Boucles de violons et violoncelles errants, voix lointaines extraites de films noirs, rythmique sourde et massive, samples puisant allégrement dans les musiques de films comme dans leurs dialogues, Abstrackt Keal Agram compose pour vous faire frissonner de chaleur. Ces 14 titres à l'imagerie cinématographique, mâtinés de rythmes hip-hop et techno, ressemblent à la visite d'une grande maison aux spectres mélodiques. Derrière chaque battant de porte se cachent les ombres mouvantes et hypnotiques d'une vraie psychose bruitiste. Votre parcours auditif, à tâtons de tympans vous mène vers des recoins musicaux de votre tête encore peu explorés. Chacun de vos pas déclenche d'épais beats saccadés martelant des échantillons de voix venus d'outre films. Vous n'êtes plus dans la musique, vous l'entendez avec ce grain propre aux vieux projecteurs de cinéma. Abstrackt Keal Agram, composé du duo Lionel Pierres et Tanguy Destable manie les machines avec l'intention de révéler l'âme du son. Les compositions s'apparentent à une grande scène où les deux machinistes donnent libre cours à leurs envies avec les éléments trafiqués et recousus de multiples spectacles. Il en résulte une musique obsédante et à part dans l'électronique française ; un disque beau et sombre, cohérent et débridé. Reste l'étape de la scène, AKA bidouillent-ils dans la fosse de vieux opéras abandonnés laissant les vieux fauteuils de velours rouge à leur public ravi, ou s'adonnent-ils à leur rite dans des carrières abandonnées ? Peu importe, la séance est déjà très efficace à la maison. |