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L'Oeil électrique #27 |

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+ Les sept jours décisifs de la vie de Maxime Padd

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> 4 LIVRES : 4 BANDES DESSINÉES AUTOBIOGRAPHIQUES
+ Olivier Josso : Douce confusion
+ Nakazawa Keiji : Hadashi no Gen
+ Joe Matt : Peep show
+ David Libens : De l’Autre Côté : Recto-Verso #1

> BOUQUINERIE
+ Ikeda Riyoko : La Rose de Versailles
+ François Maspero : Les abeilles et la guêpe
+ Taniguchi Jirô/Sekikawa Natsuo : Quartier lointain, tome 1/ Au temps de Botchan, tome 1
+ Soazig Aaron : Le Non de Klara
+ Martin Winckler : Les Miroirs de la vie – Histoire des séries américaines
+ Frédéric Pajak : Première partie

> NOUVEAUX SONS
+ André Minvielle & Serge Pey : Nous sommes cernés par les cibles
+ Calla : Televise
+ Ernst Reijseger & Franco d’Andrea : I Love You So Much it Hurts
+ Moller Plesset : Rather Drunk than Quantum
+ Spaceways Inc. : Version Soul

> ACTION
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4livres

Nakazawa Keiji : Hadashi no Gen
1972, Albin Michel

Nakazawa avait 7 ans lorsque Hiroshima fut détruite par la bombe atomique. Son père, sa sœur et son frère disparurent au cours de l'explosion. Sa mère mourut à son tour quelques années plus tard des suites des radiations de la bombe.
Devenu dessinateur de mangas, Nakazawa s'est confronté à ce lourd héritage : témoigner de son expérience de survivant de la première agression nucléaire est peu à peu devenu une nécessité. Ce sont d'abord des récits didactiques : Kuroi Ame ni Utarete (Sous la pluie noire) en 1968 et Aru Hi Totsuzen (Soudain un jour) en 1970, avant d'aborder pour la première fois le sujet sous un angle plus personnel en 1972, avec une histoire courte de 46 pages : Ore wa Mita (I Saw It). Cela l'amène enfin à Hadashi no Gen (littéralement : "Gen aux pieds nus"), aboutissement de son travail de mémoire sur Hiroshima, œuvre fleuve s'étendant sur près de 1200 pages.
Si le traumatisme nucléaire a inspiré au Japon une veine métaphorique très riche (des films de Godzilla aux mangas apocalyptiques dont Akira est l'exemple le plus célèbre), la manga de Nakazawa est l'un des rares exemples à aborder la question d'une manière aussi frontale (on notera toutefois, sur le même sujet, le splendide court métrage d'animation Picadon de Kinoshita Renzo). Le retentissement de Hadashi no Gen fut donc énorme. Décliné par la suite sous forme de dessin animé, de film et même d'opéra, Hadashi no Gen marque une date importante dans le processus de mémoire du drame d'Hiroshima. Si l'auteur ne sous-estime pas la responsabilité directe des Américains dans ce désastre, c'est pourtant le comportement des dirigeants japonais qu'il critique en premier lieu. Le premier volume est entièrement consacré à dénoncer l'idéologie et la propagande dont ont été victimes les populations. Nakazawa va jusqu'à adresser des critiques très claires à l'empereur Hirohito. Au delà de son caractère forcément bouleversant, Hadashi no Gen est donc aussi un brûlot politique revendiqué (Nakazawa avoue avoir fait ce livre pour faire connaître une réalité qui avait été largement occultée). Malgré son dessin assez moyen, Hadashi no Gen affirme une chose essentielle : la bande dessinée peut traiter tous les sujets, y compris les plus graves. Ce parti-pris audacieux (a fortiori en Occident, où la bande dessinée n'a pas le même statut culturel qu'au Japon) n'est pas passé inaperçu : encensé par Robert Crumb et Art Spiegelman, le travail de Nakazawa Keiji est celui d'un précurseur. Art Spiegelman reconnaît d'ailleurs que la lecture de ce livre fut pour lui essentielle alors qu'il commençait à travailler à son propre témoignage graphique sur l'autre grande tragédie humaine de la Seconde Guerre mondiale : Maus.

Les quatre volumes de Hadashi no Gen ont été traduits en langue anglaise sous le titre Barefoot Gen (Penguin Books). Seul le premier volume est disponible en traduction française sous le titre Mourir pour le Japon (Albin Michel), mais l'éditeur Vertige Graphic annonce pour 2003 une nouvelle traduction sous le titre Gen d'Hiroshima.