Moller Plesset : Rather Drunk than Quantum On le savait déjà depuis, par exemple, US Maple, il est possible de faire un album de rock'n'roll, un vrai, entièrement mu d'une énergie déglinguée et vouée au désastre, sans passer par la structure couplet-refrain et l'obligatoire enchaînement de riffs par trop référencés. Möller Plesset, après avoir expérimenté le free électroacoustique à la Jim O'Rourke, a durci le son en l'électrifiant. Il en résulte des morceaux en "montée", dont les mélodies de guitares, de type sinusoïdal, entremêlées et complémentaires, volontiers dissonantes, expriment une franche exaspération. Cette impression est soulignée par les voix - souvent appuyée, rythmique, et basée sur le souffle pour la principale, énervée et disposant d'une sorte de distorsion naturelle pour la seconde. Ce pourrait être cacophonique, mais pas du tout, l'ensemble étant fermement maintenu par le batteur, véritable taulier de l'affaire, qui manie avec agilité breaks et contretemps. Positionnement contemporain et sauvagerie, expérimental'n'roll, voilà qui génère un album passionnant, dont les écoutes successives révèlent la véritable ampleur. K-Fuel records, pour sa première production, fait bien les choses, le son étant appuyé par un visuel impeccable : une élégante bichromie et une bande dessinée de em, activiste aux éditions La Chose, narrant la triste destinée d'un gamin monomaniaque, fou de l'idée de la guitare. A noter que le CD contient trois vidéos hypnotiques d'Eko-day Blind, franchement mal signalées. Il eût été intéressant d'avoir les paroles, pas toujours audibles, tant les titres laissent présager un sérieux travail socio-politique (Doggy, I Want my Drink, Gimme the "La Chaise"). La prochaine fois, peut-être. J.d'a.
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