Mohammed Dib : La grande maison Omar, jeune garçon de Dar-Sbitar, se bat tous les jours contre la faim qui mine la grande majorité des habitants du village. Sa mère, Aïni, rejette quotidiennement sa colère et son amertume sur la grand-mère paralytique et impotente. Sa colère d'élever seule trois enfants, dont deux filles, Aouïcha, Mériem, et son amertume de ne voir arriver aucune aide. Les repas, simples ponctuations dans les longues journées d'été étouffantes, se réduisent à des soupes trop liquides pour rassasier, et à de rares morceaux de pain. Dans La Grande maison, écrit en 1939 et publié en 1952, Mohammed Dib, écrivain né en 1920 à Tlemcen, dans l'Ouest de l'Algérie, peint le portrait d'une famille, et d'un village entier, avec un pathétisme dépouillé. La grande maison, c'est cette bouilloire murée dans laquelle s'agitent plusieurs familles, toutes traînant leur lot de malheur et de misère. Tel est le tableau de l'Algérie de la colonisation où les instituteurs apprennent aux élèves que la mère patrie n'est pas la France mais leur interdisent de parler en arabe au sein de la classe. C'est à n'y plus rien comprendre pour Omar. Petit témoin de la culture algérienne, Omar rêve en secret de s'évader de cette grande maison où la quête de nourriture a remplacé les jeux d'enfants. Les cris, les disputes, l'agitation permanente des locataires résonnent de plus en plus douloureusement dans sa petite tête qui finit par conjuguer à l'infini le mot liberté. Hind Bouzar.
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