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L'Oeil électrique #28 |

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Mohammed Dib : La grande maison
1952, Seuil

Omar, jeune garçon de Dar-Sbitar, se bat tous les jours contre la faim qui mine la grande majorité des habitants du village. Sa mère, Aïni, rejette quotidiennement sa colère et son amertume sur la grand-mère paralytique et impotente. Sa colère d'élever seule trois enfants, dont deux filles, Aouïcha, Mériem, et son amertume de ne voir arriver aucune aide. Les repas, simples ponctuations dans les longues journées d'été étouffantes, se réduisent à des soupes trop liquides pour rassasier, et à de rares morceaux de pain. Dans La Grande maison, écrit en 1939 et publié en 1952, Mohammed Dib, écrivain né en 1920 à Tlemcen, dans l'Ouest de l'Algérie, peint le portrait d'une famille, et d'un village entier, avec un pathétisme dépouillé. La grande maison, c'est cette bouilloire murée dans laquelle s'agitent plusieurs familles, toutes traînant leur lot de malheur et de misère. Tel est le tableau de l'Algérie de la colonisation où les instituteurs apprennent aux élèves que la mère patrie n'est pas la France mais leur interdisent de parler en arabe au sein de la classe. C'est à n'y plus rien comprendre pour Omar. Petit témoin de la culture algérienne, Omar rêve en secret de s'évader de cette grande maison où la quête de nourriture a remplacé les jeux d'enfants. Les cris, les disputes, l'agitation permanente des locataires résonnent de plus en plus douloureusement dans sa petite tête qui finit par conjuguer à l'infini le mot liberté.
Premier volet de la célèbre trilogie, avec Le Métier à tisser (1957) et L'Incendie (1954), La Grande maison rencontra un grand succès tant en France qu'à l'étranger. L'œuvre obtint le Grand Prix Fénéon de Littérature et fut traduite en une vingtaine de langues. Soucieux de raconter la culture et les racines du pays, Mohammed Dib, par ailleurs instituteur, comptable, interprète et journaliste, offre, dans La Grande maison, une mine profonde pour qui veut comprendre l'autre. Dans une écriture sensible et fine, l'auteur de Dieu en Barbarie (1970) et du Maître de chasse (1973), s'accroche à cette identité qui définit l'homme. Installé en France depuis 1959, il continue à entretenir une œuvre féconde, plongée dans l'observation de ses compatriotes et de leurs mœurs. Profondément humaniste, son travail participe en premier lieu à la reconnaissance du roman algérien contemporain. A défaut d'avoir été nominé au Prix Nobel de littérature en 1999 comme beaucoup d'Algériens l'espéraient, et qui fut finalement attribué à Günter Grass, Mohammed Dib reste un auteur majeur tant dans l'importance accordée aux actes et à la parole de l'homme que dans la richesse historique de ses romans. Décédé le 2 mai 2003, Mohammed Dib avait dernièrement publié Simorgh, chez Albin Michel.

Hind Bouzar.