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L'Oeil électrique #28 |

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4livres

Vincent Colonna, Chawki Amari, Virginie Brac, Rima Ghazil et Mohamed Kacimi : Alger, ville blanche sur fond noir
2003, Autrement

Ils sont cinq, cinq auteurs à raconter Alger : sa face noire et violente à demi cachée par ses murs blancs et son soleil éblouissant.
Vincent Colonna, dans son récit "L'ataya Courage" relate la mésaventure d'un touriste dépouillé de ses affaires par un conducteur de taxi homosexuel. Utilisant ce fait banal, il nous décrit la capitale, à travers le regard du chauffeur tout d'abord, puis à travers les remarques de la victime et de l'officier de gendarmerie qui recueille sa déposition. Tout concourt à rendre cette histoire étrange, aussi bien le manque de réaction, et surtout d'indignation, du touriste que le comportement du chauffeur et ses propos incohérents durant le trajet. L'écriture est rapide, nerveuse. Alger apparaît ainsi inquiétante et violente. L'oralité, très présente dans la culture de ce pays, apparaît dans la forme de ce récit, construit comme une conversation où les personnages prennent la parole à tour de rôle, sans dévoiler leurs pensées.
Virginie Brac, auteur de nombreux polars dont Sourire kabyle et Cœur caillou nous parle ici du "rêve fou de madame Azouz". Nous plongeons dans l'univers confiné des intérieurs. Mariages arrangés, affaires traitées à l'aide de marabouts, règlements de comptes et tueries émaillent cette nouvelle où tout s'écroule : en quelques heures, tous les espoirs de madame Azouz sont réduits à néant. De quoi provoquer l'irréparable…
Chawki Amari, qui vit aujourd'hui entre Paris et Alger où il est chroniqueur à El Watan, nous offre avec "Le Doudji" un texte encore plus énigmatique où les personnages, fantomatiques, sont en perdition dans les mauvais quartiers de la ville. Il établit avec la minutie d'un constat le cheminement du héros et de tous les autres personnages qui, à l'inverse, sont peu décrits. Seule leur fonction permet de les différencier. Il y a la pute, le témoin, l'homme…Le héros ne sait dire qu'une chose : "Je suis un homme mort".
"Troubles" de Rima Ghazil est quant à lui un récit à plusieurs voix qui se construit au fil des confidences de chaque personnage. Comme une journaliste - qu'elle a été avant de devenir photographe - Rima Ghazil multiplie les points de vue et les témoignages : Ines est une jeune Algérienne qui vit à Paris depuis longtemps. Son retour au pays pour quelques jours entraîne une perturbation sans nom dans le quartier d'El-Mouradia où elle atterrit. Enfin, c'est avec Mohamed Kacimi que se termine ce recueil. Dans "Tous les garçons et les filles", ce romancier qui a quitté l'Algérie en 1982 nous offre son texte qui démarre en 1962 lorsque tous les espoirs sont permis et s'achève en 2001 avec "une ville qui est toujours en train de crever", au grand désespoir de l'auteur qui s'est toujours senti exilé "en Algérie d'abord, en France ensuite".
A Alger, "au crépuscule, des ombres passent, furtives et inquiétantes, comme jetées d'un passé douloureux vers un avenir incertain."

Pascale Pineau.