Simone de Beauvoir : La force de l’âge Après avoir consacré le premier volet de son autobiographie - Mémoires d'une jeune fille rangée - à sa jeunesse, Simone de Beauvoir nous raconte son entrée dans l'âge adulte, qui consacre son émancipation en tant qu'individu et en tant que femme. Début des années 30 : elle prend son premier poste de professeur à Marseille, qui l'éloigne de Paris mais la découvre à elle-même ; elle arpente les calanques, éprouve sa différence face à ses collègues, à ses élèves. Ce qui frappe à la lecture de ses mémoires, c'est, bien sûr, la grande avidité intellectuelle de leur auteur, mais aussi sa formidable envie de vivre : elle est témoin de son temps, qu'elle observe intensément. Elle veut tout voir et parler de tout, écrire et voyager, habiter Paris et connaître les routes de France, rencontrer les gens et savoir se contenter dans la solitude, marcher des heures dans la campagne française aussi bien que rester parler au fond des cafés de Saint-Germain-des-Prés. Bref, elle nous raconte son époque, en une longue et passionnante chronique : les faits divers et l'Histoire, les livres, les arts - son chemin croise celui de Giacometti, Nizan, Gide ou Breton - la mode, la vie politique française, avec un enthousiasme contagieux et une curiosité exemplaire. Mais elle reconnaît (elle a 50 ans lorsqu'elle elle rédige La Force de l'âge) son aveuglement face à certains problèmes, politiques notamment, cruciaux. Ainsi elle évoque son scepticisme devant la montée de l'hitlérisme, son optimisme décalé, sa lenteur à comprendre la gravité de la situation. On reste un peu médusé à la lecture de ces pages ; un peu étonné aussi de voir que pendant l'Occupation, elle évoque la Résistance comme extérieure à elle, une expérience qui visiblement ne l'a pas tentée. |