Dirty Three : Ocean Songs Dirty Three nous revient avec cet Ocean Songs de toute beauté, parvenant, mieux que quiconque, à éveiller chez l'auditeur les sensations les plus rares. Chair de poule et gorge serrée garanties à l'écoute d'une musique 100% instrumentale, avec une formation qu'on aurait pu croire approximative : guitare, batterie et violon. Mais c'est grâce à cette restriction de moyens que, justement, le trio australien construit ses châteaux de sable musicaux, toujours au bord de l'effritement, toujours à se disperser, à se dissoudre sous les coups de boutoir de l'eau. Avec sa thématique marine, cet album fait déferler vague après vague de mélancolie, ne serait-ce que grâce à la maîtrise étonnante des montées en tension... où l'on comprend que l'intensité, ça ne se mesure pas en BPM, en décibels ou en kilowatts. On retrouve l'omniprésent Albini à la production : d'aucuns peuvent toujours voir en lui un énorme balourd autiste... mais qui d'autre sait capter l'essence même d'un groupe jouant live, tout en vous donnant l'impression qu'il est là, dans la pièce même où vous vous trouvez ? L'absence de voix pousse, elle, l'attention à se focaliser sur chaque instrument, dont nous percevons soudain toute l'expressivité. Tout simplement un disque qui vous fait aimer la musique pour ce qu'elle devrait toujours être : un concentré d'émotions, avec une préférence marquée, ici, pour celles qui tirent sur le bleu. |