Christine Spengler : Années de guerre Prisonnière des Toubous à 23 ans au Tchad, Christine Spengler est accusée d'espionnage alors qu'elle prend sa première photographie : deux rebelles, pieds nus, qui tirent à la kalachnikov sur des hélicoptères français. Armée de son Nikon, sans bagage technique particulier, elle parcourt l'Irlande du Nord de 1972 à 1986, le Vietnam de 1973 à 1985, le Sahara occidental de 1976 à 2002, l'Iran de 1979 à 1998... Autant de dates qui martèlent et rythment la vie de cette aventurière, une des premières à revendiquer son statut de photographe de guerre. 92 photographies noires et blanches imposent une distance face à la gravité des faits, avec une luminosité toute particulière. Son travail, enrichi de textes incisifs, propose un point de vue original et sensible, une vision salutaire pour le reportage de guerre. Ses photographies permettent de se remémorer les grands conflits sans jamais tomber dans l'esthétisme ni le voyeurisme. Des témoignages qu'elle a préférés pudiques et suggestifs ; pas de sang, peu de cadavres, mais des traces de vie sur un terrain miné. Cette femme quinquagénaire, aujourd'hui précieuse et clinquante, ne ressemble en rien au cliché d'une photographe de guerre. Elle ouvre ici une fenêtre historique, rétrospective de son œuvre méconnue. Envoyée spéciale de Paris Match et du New York Times, elle suit le tracé des bombes, en retrait, aux côtés des civils, surtout des femmes et des enfants, vivants plutôt que morts. Fille des arènes de Madrid, elle publie chez le même éditeur un ouvrage kitschissime de collages de fleurs, de tissus et de portraits de vierges et de toreros. Déterminée et généreuse, elle a décidé dès 1984 de proposer par le biais de Vierges et Toreros un contrepoint à chaque photographie prise en temps de guerre par une image composée et colorée. Plus qu'un ouvrage, c'est un personnage à découvrir. |