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L'Oeil électrique #31 |

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Bouquinerie

Collectif : Anthologie de la nouvelle serbe
Gaïa

Recueil inédit dans sa forme, cette anthologie propose de faire une incursion dans l'univers de la prose balkanique. Elle dévoile ainsi tout un pan de la littérature serbe à travers 21 écrivains et autant de textes.
Le florilège débute par "Jelena, celle qui n'était pas" de Ivo Andric, prix Nobel de littérature en 1961 et célèbre auteur de Le Pont sur la Drina (roman où il décrit la vie d'une petite ville de Bosnie sur une période s'étalant du seizième siècle à la Première Guerre mondiale). Mais l'arbre cache une forêt dense où l'on peut découvrir bien d'autres prosateurs. Ainsi, de Milorad Pavic "esprit ludique" dont le héros des "Miroirs empoisonnés" devient peu à peu un palindrome. Ainsi de Antonije Isakovic dont on peut méditer ces mots tirés de "Troisième récit à Ceperko" : […]Car ceux dont on disait qu'ils étaient de droite affirmaient qu'ils étaient de gauche. Pour ceux de gauche, pas de question. Et ceux qui tenaient le milieu, et qui l'emportaient, ils se déclaraient de gauche. Alors, quelquefois, je me disais, si tout le monde est à gauche, pourquoi cet embrouillaminis ? […]" Ainsi de Danilo Kis - présenté comme le dauphin de Ivo Andric - de Vidosav Stevanovic ou encore de l'unique femme, Svetlana Velmar-Jankovic.
Présenté par Milovj Srebro à travers une préface solide et des notices denses, ce panorama reste surtout "[…] susceptible d'offrir une vision globale du destin de l'homo balkanicus confronté sans cesse aux aléas de l'histoire tourmentée de cette région.[…]"
Néanmoins des interrogations subsistent. Pourquoi n'avoir choisi que des quinquagénaires et plus pour représenter les belles-lettres "serbes" ? D'ailleurs tous ne sont pas serbes et résident en Bosnie, en Herzégovine, Croatie. Et quid des jeunes auteurs ?
Malgré tout, cet ouvrage souligne l'excellence du travail de "découvreur" et de "passeur" des éditions Gaïa qui fêtent cette année leurs dix ans.