Cat Power : Moon Pix
Matador, PIAS
La voix tremblante de Cat Power, pardon Chan Marshall n'a pas disparu, elle s'est même embellie, merci. Du larmoyant troisième album What would the community think (plaie de l'âme suppurante pour laquelle même Gérard Miller n'aurait pas trouvé de loghorrée-thérapie) la jeunesse suicidaire calme Thanatos dans un quatrième volet sonore plus brillant qu'espéré… Alors qu'on aurait pu craindre l'usante crise de technicité qui ronge les (petites et grandes) notoriétés, Cat Power prouve là qu'il sait bel et bien rassurer l'oreille, Jim White et Mick Turner (Dirty Three) veillant au grain.
Dès le premier titre (American Flag) en forme de révolution, les tensions refoulées sont expédiées dans la basse et le rythme, rappelant une seconde les délires vaguement trip-hop de certains contemporains (contemporains ?). On pose la douleur pour mieux la récupérer, en douceur. C'est la première fois que la musique de Cat Power lui colle si bien à la voix trouble, que les bruitages sont si à-propos. Remercions sûrement Jim White, que les relents flous des delirium noisy doivent excéder. L'accouchement douloureux a fini par être oublié, les plaies ont été cicatrisées… il est même à soupçonner l'usage d'un Narghilé longtemps dissimulé (Peking Saints) qui aurait allégé l'angoisse…
En fait, CQFD, il ne fait pas toujours nuit chez Cat Power, l'enfant de la peur a grandi, et sa musique aussi.
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