Denis Johnson : Jesus’s Son Né en 1949 et auteur de 4 romans, Denis Johnson, qui vit retranché dans l'état de l'Idaho, signe ici un petit bijou de recueil de nouvelles - onze textes très courts qui se lisent en une ou deux heures. Les récits s'enchaînent comme des flashes allant heurter les vitres sales d'un rade paumé au fond d'une impasse. Johnson décrit le quotidien de junkies à la dérive à travers le paysage américain. Entre road movie sous cachetons et visions d'horreurs au quotidien, Denis Johnson enfonce jusqu'au cerveau le couteau planté dans l'œil de l'Oncle Sam. Lionel Boscher.
EXTRAIT
" Ce qui me plaisait, c'était de m'asseoir à l'avant dans ceux qui vont vite et d'y passer la journée. J'aimais les sentir effleurer les immeubles au nord du Loop et surtout j'aimais voir les constructions, un peu plus au nord encore, sombrer dans une dévastation - on pensait à un bombardement - où des gens (car on en voyait : derrière une fenêtre on apercevait quelqu'un, dans une cuisine sale et nue, qui approchait de sa figure des cuillerées de soupe, ou bien il y avait une douzaine de gosses à plat ventre qui regardaient la télévision et disparaissaient aussitôt, effacés par un panneau publicitaire de film où une femme clignait de l'œil et effleurait adroitement sa lèvre supérieure du bout de sa langue, puis le panneau était à son tour oblitéré par - bang, le bruit et l'obscurité s'abattaient sur ma tête - un tunnel) vivaient réellement. |