Josefine Mutzenbacher : Histoire d’une fille de Vienne racontée par elle-même Si Josefine Mutzenbacher a véritablement existé, la source de cet ouvrage est en réalité loin d’être avérée. Tout juste est-il pratiquement certain que Josefine n’est pour rien dans sa conception (excepté le fait qu’elle l’a sans doute partiellement inspiré). Plus étonnant encore, l’hypothèse la plus vraisemblable est que son auteur est le même qui publia Bambi en 1929 ! Pas tout à fait le même " coeur de cible "… Edité clandestinement à compte d’auteur en 1906 et distribué sous le manteau dans les rues viennoises, ce livre n’a aujourd’hui rien perdu de sa crudité : c’est l’exemple même de ceux qui se lisent d’une main. Lionel Boscher.
EXTRAIT
"On dit que les jeunes putes font les vieilles bigotes. Ce n’est pas mon cas. Je suis devenue pute très tôt et tout ce qu’une femme peut faire dans un lit, sur une table, une chaise, un banc, contre un mur ou dans l’herbe, dans l’encoignure d’une porte ou dans une chambre de passe, dans le train, dans une caserne, au bordel ou en prison, je l’ai fait. De tout cela je ne regrette rien. Aujourd’hui que j’ai pris de l’âge, le plaisir n’est plus ce qu’il était ; je suis riche, fanée, et souvent seule. Mais il ne me viendrait pas à l’idée, bien que j’aie toujours été croyante et même pieuse, de faire à présent pénitence. Je suis née dans la pauvreté, la misère, et je dois tout à mon corps. Sans ce feu que j’avais en moi, qui s’est allumé tôt et qui m’a permis de m’exercer encore petite à tous les vices imaginables, j’aurais fini comme ont fini toutes les gamines que j’ai connues : en vieilles femmes de ménage, quand elles ne sont pas mortes dès l’orphelinat. La merde des faubourgs ne m’a pas eue. J’ai pu lui échapper en faisant la putain ; c’est seulement ainsi que j’ai pu rencontrer des hommes distingués et instruits." |