Dick Annegarn : Adieu verdure Dick Annegarn possède plusieurs qualités qui font qu'on est rarement déçu : il est, tout d'abord, un guitariste percutant doublé d'un sacré chanteur, capable de laisser entendre un simple filet de voix comme de faire valoir la puissance de son coffre, sans pour autant endosser la panoplie du virtuose frimeur et laborieux. Il possède d'autre part un goût sans faille, pour le blues notamment, qui l'amène à convier des hôtes qui ne sont pas des vedettes mais des pointures. En 1979, il jouait avec le guitariste/chanteur Robert Pete Williams sur Ferraillages ou encore, en 1985, avec l'accordéoniste Richard Galliano sur Frères ?. Aujourd'hui, avec Adieu verdure, Marc Ribot, qui fricote par ailleurs avec Tom Waits ou John Lurie, s'y colle pour la guitare. Olu Dara (compositeur élégant au passé musical déjà riche) se charge du cornet. Enfin, Dick Annegarn allie l'intelligence à l'intuition du poète. Si on reconnaît la fibre de ses compositions et de ses textes, la surprise et la nouveauté restent de mise. Adieu verdure est donc est donc un album varié mais cohérent où se côtoient le blues triste (Que toi), les comptines déjantées (Rosy, Gisèle), le tango ironique (Katinga tango), les chansons cahotantes et mélancoliques (La limonade, Javer, Lille), le funk sans trop d'illusions mais pas pressé d'en finir (Boileau), une ode à la campagne (Adieu Verdure), un duo heureux avec Mathieu Boggaerts (Rhapsode) et un ragtime enlevé (Keep your hands off her). Il y a bien à boire et bien à manger. |