Lena França : Amornado On voit venir à des kilomètres les journalistes "overbookés" et trop pressés avec leurs sabots taille 56... alors crevons tout de suite l'abcès : Cap Vert = Cesaria Evora, donc Lena França = Cesaria Evora en moins bien. Eh bien, non, décidément, ce raccourci-là est un peu trop facile. Il suffit pour s'en rendre compte d'écouter Amornado en faisant abstraction (je sais, c'est pas facile) de la référence absolue certifiée par les milieux autorisés. Lena França impose un timbre vocal unique (qui mérite bien mieux qu'un classement hâtif dans la case précitée), au service des compositions d'une limpidité imparable de Mario Lucio Sousa. Le style musical dans lequel officie ce dernier, la Morna, est une sorte de blues local, qui fait un peu penser au Fado portugais : nostalgie et mélancolie, intimisme et retenue, légèreté et profondeur... Les émotions qui en émanent sont à la fois poignantes et un peu en retrait, prenantes sans jamais s'imposer de force. Qu'il s'agisse d'une simple guitare acoustique ou d'un ensemble de violons, les notes s'enchaînent comme des évidences qui viennent titiller les parties de l'âme que les autres musiques n'atteignent pas. Et puis il y a cette voix... impossible à définir tellement elle semble transparente, débarrassée de toute impureté... revenons-y : limpide. |